Et pour cause : il vient d'être condamné à treize années de prison pour corruption.

Cet homme n'est pas content - Technologies, morale et politique

VOICI LE VISAGE DU VICE

Avouez qu'il est laid, et donc facile à reconnaître.

Publié sans l'aimable autorisation de M. Lei, ex-fonctionnaire corrompu de Chongqing

Lei Zhengfu, ancien membre du Parti Communiste Chinois (PCC) remercié en mai dernier, et ancien officiel de la très grande ville de Chongqing (dont Bo Xilai, autre officiel déchu, fut maire), en Chine méridionale, aurait reçu plus de trois millions de Yuans (trois-cent soixante quinze mille euros) de pots de vins, d'après cet article du ChinaDaily. Ce qui explique sa condamnation.

A vrai dire il n'est pas très clair dans l'article s'il a reçu ou payé ces généreux pots de vin. Mais les images de ses ébats avec de jeunes femmes aux prestations payantes, mises en ligne à l'automne par d'indélicats maîtres chanteurs (les images, pas les jeunes femmes), font de toute façon un peu trop désordre. En tout cas pour la Chine.

Des scandales divers provoqués en toutes saisons par le train de vie luxueux, ou débauché, ou les deux, de membres du PCC éclatent régulièrement sur les réseaux sociaux chinois, mettant en péril la respectabilité du Parti, et, partant, la stabilité du pays. C'est en tout cas ce que pensent ses membres dirigeants. Et c'est pourquoi les procès qui se veulent exemplaires se mutliplient (lentement) en Chine, notamment depuis l'arrivée au pouvoir de la nouvelle équipe fin 2012, présidée par M. XI Jinping.

Il fait donc de plus en plus mauvais être corrompu en Chine

Pour les cadres intermédiaires en tout cas. Pour les autres, c'est peut-être un peu différent, tout comme en France d'ailleurs¹. L'équation :

Cet homme n'est pas content - Technologies, morale et politique

ne fonctionne en effet que si on l'applique aux élites intermédiaires. Si l'on découvrait, par mégarde et par exemple, que les élites suprêmes elles-mêmes sont massivement corrompues (simple hypothèse, bien entendu), le choc a priori négatif dans l'opinion serait probablement beaucoup plus violent que celui concomitant et a priori positif, provoqué par la bonne nouvelle d'une lutte sans limite contre la corruption jusqu'aux strates les plus élevées du cent-million-de-feuilles2 politique chinois. Et là, pour le coup, bien capable de mettre à terre le régime.

Cet homme n'est pas content - Technologies, morale et politique

Oups.

Un tel choc politique ne serait certainement pas une bonne nouvelle soit dit en passant et contrairement à ce que peuvent imaginer les rêveurs des pays aux climats tempérés : une chose sur laquelle le PCC a raison, c'est que son propre effondrement provoquerait très probablement une gigantesque catastrophe humaine dans un pays-continent surpeuplé, sous-éduqué, et dont l'histoire est émaillée d'émeutes toujours sanglantes et de famines atroces, entre autres.

N'en déplaise aux partisans des révolutions, celles-ci se font toujours au plus grand détriment (famines, rééducation joyeuse par le travail ou dans les camps, expropriations riantes, faillites continentales, etc.) des peuples eux-mêmes, à commencer par la base. Mais c'est là un autre sujet.

Nouvelles technologies et transparence politique

On peut donc voir dans ce procès, et les quelques autres du même genre qui émaillent l'actualité chinoise depuis quelques années, un bel exemple de progrès politique permis par les nouvelles technologies de l'information.

Ces campagnes de dénonciation de cadres corrompus sont rendues possibles par les "médias sociaux" : la vitesse et l'ampleur de la diffusion des informations sur Weibo, Wechat, QQ, etc. (qui sont les équivalents chinois de Twitter, Facebook, MSN, etc.) constituent en cela une révolution technique aussi puissante sans aucun doute que l'invention de la presse libre en Europe il y a quelques siècles.

Progrès politique ? A condition bien sûr...

...que les individus se saisissent de ces outils puissants. Car tout comme la presse peut-être subventionnée, ou aux mains des puissants, ou les deux, suivez mon regard, ainsi en va-t-il aussi de tout autre média.

Et, deuxième condition, encore faut il qu'on s'en saisisse intelligemment, de ces médias. Ce qui là non plus n'est pas du tout gagné d'avance. On a vu très récemment que les plus merveilleux outils technologiques pouvaient être employés tant pour le meilleur que pour le pire : un outil puissant peut servir beaucoup de monde, mais il peut tout aussi bien détruire beaucoup de monde.

C'est en fait le cas pour toutes les technologies maîtrisées par l'homme depuis la pierre taillée et le feu, sans exception. Le feu peut servir à rôtir la viande de bison sous un clair de Lune préhistorique ; mais aussi à arracher, en plus des ongles, des aveux à un supposé coupable. Et je ne parle pas des multiples usages de la pierre taillée.

La différence entre une bonne technologie et une mauvaise technologie

c'est donc l'utilisation qui en est faite ; c'est l'intention qui la manie. Et encore : les meilleures intentions produisent parfois elles aussi les pires crimes. Que faire alors, que nous reste-t-il donc ? La vigilance de chacun, les efforts permanents de tous pour rendre les sociétés humaines plus... plus humaines justement, et ce à la fois malgré et avec la technologie.

Comment ? En résistant, à petite échelle, aux usages immoraux. C'est-à-dire : autant que faire se peut, en refusant tout ce qui consiste à espionner, aliéner, torturer, voler, bombarder, enfermer, et piquer les billes de son prochain, toutes ces charmantes tendances parfaitement naturelles du cœur humain. On voit l'ampleur de la tâche. Tâche d'autant plus inintéressante et moins attrayante que tout se joue dans le secret de notre cœur, et devant notre petit écran moral solitaire et même rétina, sans médailles brillantes ni acclamations chaleureuses pour nous récompenser de ces victoires insignifiantes.

Ce que l'on voit aussi

et qu'il est intéressant de noter en passant, c'est que même dans des pays considérés comme démocratiques (par exemple la France), malgré la quasi absence de censure et l'accès totalement libre à toutes les technologies de communication et de diffusion les plus avancées (après tout la France est le seul pays au monde à avoir bénéfécié de la technologie révolutionaire du Minitel, ne l'oublions pas), de véritables scandales, potentiellement beaucoup plus graves que la petite piscine à bulles généreusement offerte par les contribuables de Chongqing au méchant M. Lei (si vous vous souvenez encore du début de ce billet), passent totalement inaperçus, ou même pire : sont considérés comme normaux.

Népotisme, corruption, fraude fiscale (et je pense pas seulement à un Lot-et-Garonnais devenu célèbre, d'ailleurs bientôt de retour aux affaires, mais aussi à un célèbre locataire de la rue du Faubourg Saint-Honoré, son prédécesseur, et tant d'autres), justice partiale... je ne donne pas d'exemples précis pour ne pas rendre ce billet trop polémique. Au demeurant, je suis certain que chacun dispose de ses propres exemples en quantité pour remplir les catégories ci-dessus énoncées, tant à main droite qu'à main gauche.

En portant plainte conrte lui pour détournement de fonds publics, M. Kemlin vise la destitution de François Hollande

En portant plainte conrte lui pour détournement de fonds publics, M. Kemlin vise la destitution de François Hollande

Ici, il ne faut pas demander : "mais que fait la police ?". Il convient plutôt de dire (mollement) :

Bon, ya quoi ce soir à la téloche ?

La télévision, en effet, ce nouvel opium du peuple, autre exemple de technologie à double tranchant, outil génial dont même Goebbels dans ses songes les plus fous n'a jamais rêvé et qui aurait sans doute prolongé la vie de l'URSS d'un bon siècle si les citoyens des républiques populaires avaient eu de quoi se la payer, s'avère très utile pour éviter de rendre les démocraties trop participatives.

Ecran scintillant qui fascine autant les enfants que les adultes, et que le PCC a bien su, lui, implanter dans chaque rame de métro, dans chaque pièce des hôpitaux, et à la place d'honneur dans chaque pièce sale des petits maisons des bourgs reculés des plus reculées des provinces de Chine. Je n'exagère pas, n'importe quel expatrié ou touriste peut confirmer. J'ai même appris que le parti subventionne l'achat d'écrans de bonne taille dans les régions les plus pauvres. Evidemment, c'est par là que passe l'essentiel de "l'information".

Je me souviens d'ailleurs de notre déception, il y a quelques années, lorsqu'au terme d'une journée entière d'ascension dans les immenses contreforts du Tibet, au départ de Shangri-La, nous arrivâmes mes compagnons et moi au hameau paysan de la montagne magique de Niru, à trois mille kilomètres de Shanghai et deux mille sept-cent mètres au dessus du niveau de la mer, pour passer la nuit dans la maison du chef.

A côté de la sainte Quatrinité faite calendrier (Mao Zedong, Deng Xiaoping, Jaing Zeming, Hu Jintao) : la télévision. Je suppose que le calendrier révolutionnaire, subtilement épinglé sur le torchi directement au-dessus du poste, avait pour fonction de garantir la continuité de la présence du corps sacré pendant les extinctions dues au coupures de courant, malheureusement bien fréquentes. Et pour montrer à l'étranger qu'on est civilisé ici aussi, ah mais : le dîner fut pris devant la boîte à image obligatoirement allumée, branchée sur le talk-show du soir et toute sa lourde bêtise, en direct de Shanghai. Youpi.

Les Quatre Saisons, illustration d'un calendrier agraire traditionnel du Yunnan (RPC)

Les Quatre Saisons, illustration d'un calendrier agraire traditionnel du Yunnan (RPC)

Etant donnée l'autorité naturelle du chef en son fief, symbolisée par la faucille le marteau et les étoiles dorées clouées sur le porche de sa maison en remerciements pour ses bons et loyaux services révolutionnaires, je n'ai guère eu le courage alors de discuter. Ni de prendre en photo l'intérieur du logis, comme un vulgaire touriste. Ou pire : un espion. A la réflexion, peut-être aurais-je dû, peut-être dans cette échelle de valeur inversée qui semblait régner dans les hautes altitudes eût-ce été perçu comme une marque d'honneur.

Cliquez sur l'image et faites défiler avec les flèches

Niru, hameau d'altitude, province du Yunnan

Niru, hameau d'altitude, province du Yunnan

Niru, hameau d'altitude, province du Yunnan

Niru, hameau d'altitude, province du Yunnan

Niru, hameau d'altitude, province du Yunnan

Niru, hameau d'altitude, province du Yunnan

Niru, hameau d'altitude, province du Yunnan

Niru, hameau d'altitude, province du Yunnan

A force de dériver du sujet initial, je me demande, entre parenthèses, combien de lecteurs sont arrivés jusqu'à ce point du présent billet. Si c'est votre cas, merci de laisser un petit mot en commentaire avec votre adresse, je vous enverrai un pin's en récompense. Mais revenons à nos ~~moutons~~ téléspectateurs. Enfin les deux.

La clé, donc, ce n'est pas tellement l'accès plus ou moins facile aux moyens de communication

Que les Weibo, Wechat et autres aient permis de faire tomber M. Lei dans sa piscine d'argent sale, c'est une bonne chose. Mais les mêmes réseaux peuvent tout aussi bien servir avec une efficacité redoutable à traquer les mal-pensants, à diffuser la bonne parole de tel parti ou de tel clan, et, pourquoi pas un jour, à traquer, au hasard, les méchants blogger libéraux ultracapitalistes qui menacent notre système social que le monde entier nous envie. Par exemple.

C'est bien plutôt un effort acharné, sans cesse répété sur les nouvelles générations, de développement de l'esprit critique, des idées morales (eh oui, l'honnêteté par exemple, l'humilité, le courage, et autres vieilleries du même tonneau) et de l'engagement personnel. Où cela se fait-il ? Dans les familles, avant même l'école. Quand une société, par confort, par idéologie, par démagogie, abandonne cette lutte permanente de l'Humanité vers la civilisation à coup de petits principes moraux simples et à usage exclusivement individuel, leur préférant des revendications haineuses et/ou égalitaire de masse, des concepts flous, des théories fumeuses, elle ne fait rien d'autre que se suicider.

Et en cela, s'en remettre à des gouvernements, fussent-ils élus, et/ou à des systèmes complexes de lois et de règles en tous genres qui organisent les moindres aspects de la vie en société pour assurer le progrès de l'Humanité est une utopie dangereuse. Les sociétés organisées sur ce modèle (un modèle social, donc) finissent toujours par mourir, soit étouffées sous le poids d'administrations métastasées, soit à cause de l'ignorance des individus, rendus incultes, incapables de discerner par eux-memes le bien et le mal³, et globalement irresponsables, par un Système supérieur à eux et auquel ils doivent tout, y compris obéissance.

Seuls (i) la limitation systématique du pouvoir des institutions et (ii) la culture de l'engagement individuel dans ce travail, chacun sur sa propre personne (et non au sein d'un système théorique qui définisse des classes, désigne des boucs émissaires, et s'invente des combats contre, au nom de tel ou tel concept mal défini) dans la poursuite permanente du bien commun, et même du bien tout court, garantissent une société à peu près juste. Rien d'autre.

C'est donc une tâche infinie, qui recommence à chaque naissance, et qui ne triomphera jamais définitivement, mais qui est au contraire un but en soi, et est en fait le chemin même que prend la civilisation.

Car dans le fond, qu'est-ce qu'une société juste ?

Voilà une question intéressante. On aurait peut-être pu commencer par là, mais à l'origine ce billet ne devait parler que du pauvre M. Lei. Tant pis. Chaussez votre barbe de philosophe et continuons. Après avoir gravi la montagne magique de Niru, plus grand-chose ne devrait vous arrêter. Et voici vingt secondes de véritable yack des hauts plateaux pour vous réconforter.

Strictement parlant, ce ne sont pas vraiment les sociétés en elles-mêmes qui sont justes ou non, mais plutôt les actions des hommes : telle action de l'individu Dupont vis-à-vis de l'individu Dupond. Une société relativement juste, par extension, est une société où les actions injustes sont le plus rare possible, et le moins injuste possible. Surtout, c'est une société qui ne scuscite pas structurellement des actions injustes. Etant donné la difficulté qu'il y a à définir le juste et l'injuste, le plus simple sera donc logiquement de se doter des structures les plus légères possibles. Ainsi, justes ou injustes selon les moments, leur impact sera-t-il au moins toujours limité.

Vue la complexité de cette notion de justice, notion pourtant subtile aussi solidement implantée dans le cœur de chacun qu'elle est difficile à définir clairement sur le papier, et plus encore à organiser par la loi, un homme normal qui connaît un peu ses classiques comprend vite qu'il est illusoire de compter sur autre chose que le cœur de chacun pour établir un minimum de justice entre nous. Les lois, elles, servent à établir l'ordre, ce qui est bien évidemment très différent. Ordre que la police s'efforcera ensuite de maintenir. Si possible.

Or un coeur, cela se cultive. Comme un esprit d'ailleurs. Et c'est ce qu'on appelle être civilisé.

Parfaitement, et je le prouve. Car je sais bien que dit comme cela, "l'engagement volontaire de chacun dans la poursuite quotidienne du bien commun", cela vous a semblé très théorique, un peu creux, et même complètement grandiloquent. On pourrait me reprocher d'user de cette notion floue de "cœur" pour masquer un vide conceptuel, un manque de rigueur. Ce n'est pas entièrement faux, c'est l'été, il fait trente-huit degré dehors, pas de vacances dans le Yunnan cette année, et ceci est un blog, pas un manuel de philosophie. Pourtant, ce que d'aucuns considèreront comme un archaïsme risible due à ma seule bonhomie boursouflée n'est à mon avis pas autre chose que le comble de la moralité, l’apothéose de l'esprit humain. En effet, les choses les plus belles sont les plus simples. Et il en va de même pour la morale, cette conseillère sans rivale dont nous pouvons nous doter pour avancer droitement dans cette vie. Certains choisissent les boîtes de conseil en communication, regardez où ça les mène.

Oui, il y a donc bien une chose réelle qui s'appelle le cœur, et qui n'est pas seulement l'organe du même nom. Mais un exemple parlant vaut mieux qu'un long discours ; et trois c'est encore mieux. Je convoque donc ici pêle mêle Charles de Gaulle, Jésus Christ (l'homme qui a existé, que l'on croie ou non au christianisme), ou encore Gandhi, par exemple. Ces trois hommes voyaient sans doute très bien de quoi on parle, quand on parle de coeur. Pas vous ? CQFD.

Education du cœur

Comment faire cette éducation du cœur, seule garantie d'un comportement juste, et partant d'une société de la même qualité ? Oh, il ne s'agit pas certes "d'extirper du cœur de l'apprenant tout ce qui pré-existe à l'école de la république", comme le croient certains, à qui étonnamment, lecteur, tu as confié le cerveau de tes fils et la destinée de ta partie. Ce serait même plutôt le contraire, et dans le fond c'est très simple, tu vas voir. Cela commence par exemple en ne semant pas la volontairement la confusion dans le cerveau des enfants, par exemple avec des théories en tous genres.

En assumant individuellement ses actions et, tant qu'à faire, aussi, sa propre subsistance, au lieu de s'en remettre à un Système. Mais également en ne construisant pas, quand on est au sommet de la hiérarchie sociale, des modèles sociaux qui enferment les gens à ciel ouvert et les rendent dépendants, pour chaque aspect de leur vie, de décisions politiques.

En écrivant ouvertement ce qu'on pense sur des blogs pour faire le travail que la presse subventionnée ne fait pas, et assumer à sa place le quatrième pouvoir, bridé ici (par exemple en Chine, hihi), ou délaissé là-bas (par exemple en France).

En lisant des blogs avec curiosité, et en écrivant des commentaires pour dire que l'on n'est pas d'accord. En écoutant les arguments des autres et en essayant vraiment de les comprendre.

En mettant son clignotant avant de sortir d'un rond-point. En arrêtant de voter pour des abrutis, et surtout pour des malhonnêtes, en se disant que de toute façon on n'y peut rien. Si, on y peut, vous y pouvez.

En conclusion, cher M. Lei, la lutte contre la corruption, c'est le devoir de tous, c'est le devoir de chacun, et c'est surtout le combat de chaque homme contre ses propres faiblesses et mesquineries quotidiennes avant même de combattre celles des autres.

C'est un combat non, d'ailleurs, même pas un combat : un travail plutôt, patient, constructif, sans fausses gloires, de chaque jour, et qui compte presque autant de victoires que de défaites. Mais cela n'est pas grave, car c'est ce travail en lui-même qui permet à l'homme de s'améliorer, et à la société d'être plus libre et plus juste. Ce qui est beaucoup plus important que de la rendre égalitaire. La culture, avant d'être un ministère, présisément, désignait ce travail, quasi agricole que l'on effectue sans relâche sur la vaste friche un peu sauvage de l'esprit.

Enfin c'est un travail qui n'est pas d'actualité, mais qui est plutôt carrément aussi urgent qu'éternel. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent.

J'espère qu'ici vous comprendrez mon attitude d'humble contributeur à la cause : je ne promets pas de révolution, pas de système magique, pas de lendemains qui chantent, pas de révolution, pas de quoi que ce soit pour Tous. Et je ne demande même pas qu'on vote pour moi, ni même de petit virement. Rien que des efforts modestes personnels et secrets, dont les petits résultats éphémères seront à partager de manière strictement invisible avec votre voisin.

D'ailleurs même mon manuel de mandarin, toujours plein d'à propos, s'y met aussi, et me propose aujourd'hui spontanément ce croustillant exemple de grammaire in vivo :

Cet homme n'est pas content - Technologies, morale et politique

Télécharger Cliquez ici pour écouter la phrase en mandarin

A croire que la corruption des hommes de gouvernement, avec ou sans technologie, serait une vérité universelle sous le soleil. Surprenant, non ?

FangShuo, Shanghai, août 2013

Notes:

1. Puisqu'on peut dans ce pays être violeur, menteur, proxénète et être reçu avec les honneurs sous les ors de la république, ou encore un fraudeur fiscal avoué et prétendre être député quand même.

2. Le Parti Communiste Chinois compte environ cent millions de membres

3. Si à la lecture de cette phrase vous ne pouvez réprimer une objection intempestive du type "le bien et le mal n'existent pas", consultez immédiatement votre ~~curé~~, ~~psychanalyste~~, ~~député~~, ~~star préférée~~, conscience. Oui, la notion simple de bien/mal existe, elle a un sens, elle est valide, et je dirais même qu'elle est la notion fondamentale qui permet de donner du sens à tout le reste et de vivre en société. Rien que cela. Si vous doutez de cela, vous êtes sérieusement atteint par le relativisme d'une société décadente dans laquelle, sans doute, vous vivez.

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"Ce haut-fonctionnaire est corrompu"

Quels sens de l'à propos ! A croire que la corruption des fonctionnaires est une vérité universelle sous le soleil. Non ?

FangShuo, Shanghai, août 2013

Notes:

1. Puisqu'on peut dans ce pays être violeur, menteur, proxénète et être reçu avec les honneurs sous les ors de la république, ou encore un fraudeur fiscal avoué et prétendre être député quand même.

2. Le Parti Communiste Chinois compte plus de cent millions de membres

3. Si à la lecture de cette phrase vous ne pouvez réprimer une objection intempestive du type "le bien et le mal n'existent pas", consultez immédiatement votre ~~curé~~, ~~psychanalyste~~, ~~député~~, ~~star préférée~~, conscience. Oui, la notion simple de bien/mal existe, elle a un sens, elle est valide, et je dirais même qu'elle est la notion fondamentale qui permet de donner du sens à tout le reste et de vivre en société. Rien que cela. Si vous doutez de cela, vous êtes sérieusement atteint par le relativisme d'une société décadente dans laquelle, sans doute, vous vivez.

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